LETTRE D'UNE PENSIONNAIRE

Coulogne, le 31 octobre 1919.

Chers Papa, Maman et chère sœur, 

J’ai bien reçu la carte que Jeannetje m’a écrite. Je suis
contente que vous êtes en bonne santé, la mienne est
excellente. Aujourd’hui on a été à Calais avec toutes
les pensionnaires, exceptées les petites. Cette semaine-ci
j’ai été la première et demain on va donner les places
de bulletin et de compositions. J’apprends toujours
mes leçons de piano et je sais presque le morceau
« Une Soirée près du Lac ». Chers parents et sœur Mettje
et toute la famille, je vous souhaite une bonne fête.
Ici les jours nous semblent des heures, je pense bien
que c’est par là la même chose. Je voudrais bien savoir
si vous êtes déjà à Ypres, écrivez-moi s’il vous plaît.
Ce n’est pas croyable qu’il y a déjà un mois qu’on est ici,
nous autres aussi on ne peut pas le croire non plus.
Maman, je voudrais bien que vous m’envoyez
mon solfège parce que j’en ai besoin. Comme je n’ai pas
écrit hier c’était parce qu’on a été à l’église travailler
un peu. Et aujourd’hui comme j’ai le temps d’écrire
à la récréation de 11 h 30, je vous écris.
En composition sur le bulletin je suis la 2ème sur 18 :
1ère en géographie et 1ère en histoire.
Je termine ma carte en attendant de vos bonnes nouvelles. 
Je vous embrasse bien fort .
Votre fille et sœur qui vous aime et ne vous oublie pas.

Georgette.